- MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
- MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLEMUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLELa même année que l’Académie française, fut créé en 1635 par Guy de La Brosse, médecin de Louis XIII, le Jardin royal des Plantes médicinales, entre la Bièvre et l’abbaye de Saint-Victor (future Halle-aux-Vins, puis faculté des sciences). Ce jardin fournissait gratuitement des remèdes tirés des «simples». Cinq ans plus tard, le Jardin des Plantes contenait déjà deux mille trois cents espèces vivantes, et cette collection fut complétée par des enseignements publics de botanique, de chimie pharmaceutique et d’anatomie, confiés à des «démonstrateurs». On voit déjà apparaître les caractères actuels du Muséum: collections, enseignement spécialisé et éducation du public dans le domaine de la nature. On constate aussi l’indépendance à l’égard de l’Université, ce qui n’alla pas sans heurts au XVIIe siècle.Le Jardin était régi par un intendant nommé par le roi. À ce titre, Guy C. Fagon sut convaincre Louis XIV d’envoyer des «voyageurs naturalistes» en Égypte, en Amérique du Nord et au Pérou afin d’enrichir les collections avec des espèces inconnues en France. C’est encore un trait spécifique du Muséum, qui a toujours attaché beaucoup d’importance aux missions scientifiques vers les terres lointaines. Nommé intendant en 1739, Buffon le demeurera jusqu’à sa mort, à la veille de la Révolution. Il tripla la surface du Jardin et développa considérablement les collections de zoologie et de minéralogie dans le Cabinet d’histoire naturelle.En 1793, ce furent des amis du comte de Buffon, Joseph Lakanal et Louis Daubenton, qui rédigèrent le nouveau statut du Muséum d’histoire naturelle, dont le but principal, selon le décret de la Convention, «sera l’enseignement public de l’histoire naturelle, prise dans toute son étendue». L’intendant fait place à un directeur «nommé parmi les professeurs et par les professeurs». La Convention créa au Muséum une ménagerie à partir de bêtes foraines et d’animaux provenant des collections royales. Cette ménagerie fut vite une grande attraction de Paris, avec ses fosses aux ours (1805), sa rotonde en forme de croix de la Légion d’honneur (1812), sa faisanderie. En 1827, le roi Charles X reçut la première girafe.Une vocation essentielle du Muséum est la recherche scientifique, fondamentale et appliquée. Les plus grands noms des sciences naturelles ont enseigné au Muséum: le chevalier de Lamarck, précurseur du transformisme; Georges Cuvier, fondateur de la paléontologie; Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, créateur de l’embryologie; Louis Joseph Gay-Lussac et Michel Eugène Chevreul, initiateurs de la chimie moderne; Claude Bernard, génie de la physiologie; Henri Becquerel, qui découvrit en 1896 la radioactivité et partagea, en 1903, le prix Nobel de physique avec Pierre et Marie Curie.Une deuxième vocation est la conservation, l’accroissement et la mise en valeur de collections qui comptent parmi les plus riches du monde et contiennent les «types», c’est-à-dire les espèces décrites pour la première fois, auxquels les savants du monde entier viennent se référer. À titre d’exemple, les insectes, qui à eux seuls surpassent en nombre, et de loin, tous les autres êtres vivants tant animaux que végétaux, sont plus de cent millions, bien rangés dans la collection du laboratoire d’entomologie, depuis des pucerons microscopiques jusqu’à ces immenses papillons des tropiques, aux ailes où chatoient les plus vives couleurs.Une troisième vocation est l’enseignement et la diffusion des connaissances, d’une part, pour le public grâce à des expositions permanentes ou temporaires, des visites, des cours et des conférences; d’autre part, pour les jeunes chercheurs, qui, après une maîtrise en faculté des sciences, viennent préparer un doctorat de spécialité dans un des vingt-six laboratoires du Muséum. Grâce à la Grande Galerie de l’évolution, le Jardin des Plantes bénéficie d’une structure exceptionnelle pour l’accomplissement de sa mission de diffusion des connaissances. En effet, cette immense verrière, fermée au public en 1965 pour des raisons de sécurité, a été rénovée par les architectes Paul Chemetov et Borja Huidobro et inaugurée le 21 juin 1994. Utilisant les technologies les plus modernes (éclairage par fibres optiques, techniques audiovisuelles et informatiques interactives...), la Galerie présente des milliers de spécimens qui montrent la diversité et la complexité du monde vivant. L’évolution biologique constitue la trame de cette exposition.En dehors du Jardin des Plantes avec la Grande Galerie de l’évolution, le Muséum comprend le zoo de Vincennes, le musée de l’Homme du Trocadéro (avec ses trois chaires d’anthropologie, d’ethnologie et de préhistoire), le laboratoire d’écologie à Brunoy, un magnifique arboretum à Chèvreloup près du Petit Trianon de Versailles, des laboratoires maritimes à Dinard et à Biarritz, un domaine d’élevage de cervidés à Azay-le-Ferron près de Chambord, un parc ornithologique à Clères près de Rouen, un jardin botanique à Samoëns dans les Alpes, le Harmas de Fabre à Sérignan en Vaucluse et un jardin exotique à Menton. Cet ensemble est animé par près de mille cinq cents scientifiques, techniciens et agents d’administration et de service.
Encyclopédie Universelle. 2012.